Avec un taux d’environ 75%, l’alphabétisation reste un défi majeur pour le pays. La société civile de l'éducation fais des propositions concrètes.
Célébrée le 8 septembre 2025 sous le thème « promouvoir l’alphabétisation à l’ère du numérique », la 59e Journée internationale de l’alphabétisation (JIA) a connu une effervescence certaine sur le territoire camerounais. Elle a surtout permis aux différents acteurs impliqués de prendre la pleine mesure de la problématique de l’alphabétisation dans le pays. Représentant le ministre Laurent Serge Etoundi Ngoa de l’Education de Base (MINEDUB), le secrétaire général de ce département ministériel l’a relevé lors de la cérémonie de clôture des activités liées à la JIE 2025.
De concert avec le message d’Audrey Azouley, directrice générale de l’UNESCO, Dr Oyono Adams Daniel a relevé l’importance de fournir davantage d’efforts dans ce secteur. Comme pour insister sur une nouvelle dynamique que le Cameroun doit impulser, en tenant compte des évolutions numériques qui, loin de représenter des contraintes, sont des opportunités pour améliorer la situation.
30% de camerounais analphabètes
Au Cameroun, bien qu’au-dessus de la moyenne, le taux d’alphabétisation n’est pas encore à son stade optimal. Il se situait à environ 73,12% en 2020 pour les adultes, selon les études de countryeconomy.com et Perspective Monde, soit un taux de personnes analphabètes d’environ 30%. Cette statistique n’est pas loin de celle de l’UNESCO qui estimait déjà en 2001 le taux d’analphabétisme à 30% chez les personnes âgées de 15 ans et plus. C’est dire qu’en deux décennies, la situation ne s’est pas véritablement améliorée.
D’ailleurs, elle est d’autant plus grave qu’elle est fonction de disparités régionales. Les données les plus récentes disponibles proviennent de la 5ème Enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM 5) de 2022, publié par l’Institut National de la Statistique (INS). Bien que ce rapport ne détaille pas spécifiquement le taux d'alphabétisation global, il met en évidence des disparités régionales importantes. Ainsi, apprend-on, l'analphabétisme est plus élevé dans les régions rurales avec 44,3 % de la population dans cette situation, contre 12,2% dans les zones urbaines. Et l’UNESCO estime pour sa part que les régions septentrionales sont les plus touchées avec respectivement 60%, 68% et 76% pour le Nord, l’Adamaoua et l’Extrême-Nord.
Les propositions de la société civile
Les décideurs politiques camerounais en matière d’éducation ont entre leurs mains des recommandations qui pourraient leur permettre d’améliorer l’alphabétisation au Cameroun. Les propositions ont été faites par la société civile au terme d’un atelier tenu au Centre d’information des Nations-Unies (CINU) à Yaoundé, le 9 septembre 2025. C’était à l’occasion de la célébration de la 59e Journée internationale de l’Alphabétisation (JIA) célébrée en 2025 sous le thème « Promouvoir l’alphabétisation à l’ère numérique ».
Organisée sous l’égide de l’Association pour la Promotion de l’Alphabétisation et du Développement Social (APADES), cette session de travail a permis de scruter de fond en comble la problématique de l’alphabétisation dans le pays et de lui adresser des solutions.
Intégration formelle dans les curricula
Les acteurs de la société civile proposent aux dirigeants du Cameroun d’intégrer de manière formelle l’alphabétisation numérique dans les curricula de l'éducation de base, des enseignements secondaires, et de la formation professionnelle. Ce qui signifie la définir comme une compétence fondamentale au même titre que la lecture, l'écriture et le calcul.
Il est également recommandé au gouvernement d’accélérer le processus de développement et de déploiement des infrastructures numériques sur l’ensemble du territoire camerounais, notamment dans les zones rurales et enclavées. Avec l’impact escompté de réduire la fracture numérique, obstacle majeur à l’accès à l’éducation dans les zones concernées.
Formation des éducateurs
Autre préoccupation importante : la formation des éducateurs qui passerait par la mise en place des programmes de formation continus et robustes pour les enseignants et les formateurs en alphabétisation, afin de les doter des compétences pédagogiques et techniques nécessaires pour enseigner à l'ère du numérique.
Parmi les autres solutions proposées, on peut citer : le soutien aux initiatives locales à travers un fonds de soutien pour les organisations de la société civile et les start-ups qui développent des contenus et des solutions technologiques d'alphabétisation adaptés aux contextes culturels et linguistiques ; l’accès universel à Internet et à des formations de qualité.
Les bases d’une feuille de route
On peut aussi citer : l’organisation de campagnes nationales de sensibilisation sur l'importance de l'alphabétisation numérique ; la création et la multiplication des centres communautaires numériques ; l’adoption d’une politique unique en matière d’alphabétisation avec la participation des CAF ; le renforcement des capacités des alphabétiseurs-animateurs ; le soutien des centres d’alphabétisations ; et enfin, renforcer les partenariats entre le secteur public, les organisations de la société civile, et le secteur privé pour créer des programmes adaptés et durables.
Ces recommandations ont permis de poser les bases d'une feuille de route pour un avenir où l'alphabétisation est un levier de l'autonomisation et de l'inclusion pour tous. Elles se veulent en tout cas une réponse claire et précise sur l’amélioration de la situation de l’alphabétisation au Cameroun.