« Je suis satisfait de la manière dont les différents segments de la coalition opèrent »
Monsieur le Coordonnateur National, cela fait deux décennies que le CEFAN travaille ardemment dans le secteur de l’éducation. 20 ans d’existence, ce n’est pas rien. Parlez-nous un peu de cette coalition, dans sa globalité.
Pour répondre à votre question, je peux dire de manière succincte que le CEFAN a été créé le 21 octobre 2005 et cette année 2025 marque son 20e anniversaire. C’est une coalition qui est née de la volonté conjuguée d’abord des organisations de la société civile de l’éducation, ensuite d’un certain nombre d’organisations internationales et du gouvernement camerounais. Le mandat du CEFAN tel que défini dans ses textes constitutifs consiste à assurer le suivi des politiques publiques de l’éducation par la recherche action, dont les résultats sont exploités pour effectuer des plaidoyers en faveur. Tout cela, afin que chaque enfant ou adulte ait accès à une éducation gratuite, inclusive et de qualité. C’est donc dire que notre coalition est créditée d’une expérience avérée en matière de réseautage et de renforcement des organisations, la recherche, le dialogue politique et même les services en éducation. Aujourd’hui, le CEFAN est reconnu comme l’organisation de référence en matière de coalition des organisations de la société civile de l’éducation au Cameroun. Et croyez-moi, nous n’entendons pas pour autant dormir sur nos lauriers, parce que beaucoup de défis restent à relever.
A la faveur de la journée internationale de l’éducation cette année, le CEFAN a dévoilé sa feuille de route avec Educatoin Out Loud pour l’année 2025. Est-ce que vous pouvez nous parler de ce partenariat ?
Le projet Education Out Loud ou Education à Voix haute a succédé depuis 2020 au projet du Fonds de la Société Civile de l’Education (FSCE) mis en œuvre entre 2009 et 2019. Le projet EOL qui est aujourd’hui à sa phase 3 est géré par l’ONG internationale Oxfam Danemark. C’est un projet intégré dans le programme « Plaidoyer et Responsabilité Sociale » du Partenariat Mondial pour l’Education (PME). Ce programme financé par le PME vise à soutenir l’engagement de la société civile dans la planification, le dialogue et le suivi du secteur de l’éducation ; renforcer la transparence, l’obligation des gouvernements à rendre des comptes en matière d’éducation ; et créer un environnement plus solide pour le plaidoyer de la société civile aux niveaux national et international.
Peut-on avoir une idée globale des faits d’armes de ce partenariat ?
Nos faits d’armes peuvent être perçus sous trois angles. Au plan institutionnel, nous voyons de plus en plus d’OSC qui adhèrent à la coalition, ce permet d’élargir notre base et notre encrage et notre maillage territorial si lorsqu’on observe le développement de nos représentations au niveau des régions administratives du Cameroun. Les organisations membres du CEFAN et même celles qui n’en sont pas, bénéficient des renforcements des capacités sur diverses thématiques de l’éducation, ainsi que des renforcements sur les techniques de gestion de leurs organisations. Le CEFAN entretient des partenariats formels avec des institutions gouvernementales, des organisations internationales et des organisations locales.
Au plan programmatique, plusieurs activités sont mises en œuvre, entre autre des enquêtes et études sur des thématiques spécifiques à l’éducation, des campagnes et plaidoyers à l’aune des résultats des études et enquêtes ou alors lors de la célébration des événements internationaux clés liés à l’éducation, la production d’outils de communication à l’effet de relayer nos plaidoyers. J’en profite d’ailleurs pour annoncer que le site web de la coalition www.cefan-coalition.org a été refait et qu’il est désormais en ligne.
Au plan du dialogue politique sur l’éducation, la coalition est membre très actif du Groupe Local des Partenaires pour l’Education (GLPE) qui à nos yeux représente le cadre par excellence d’échange sur les politiques de l’éducation. C’est un cadre qui regroupe l’ensemble des sectorielles gouvernementales de l’éducation, le système des Nations Unies et les partenaires bilatéraux du Cameroun, les syndicats et la société civile. A titre d’exemple, c’est dans le cadre du GLPE que le CEFAN fait l’écho de certains résultats de ses études qui, sont pris en compte notamment dans le cadre de l’élaboration du dernier Rapport d’Etat du Système Educatif National (RESEN). Outre cet espace de dialogue, la coalition ‘est créé elle-même d’autres cadres d’échanges et d’influence politique, notamment avec les parlementaires, les Elus municipaux et même directement avec certaines structures gouvernementales.
L’année 2025 semble être charnière. Mais, est-ce qu’on peut avoir une idée globale du bilan que vous faites de l’année précédente, à propos des activités du CEFAN ?
Je retiens de l’année 2024 un bilan positif et le CEFAN dans son ensemble peut en tirer une satisfaction légitime. Certes, je ne puis vous cacher que nous avons connu quelques secousses en interne, mais c’est le propre même d’une organisation et nous avons su tenir la dragée sous le bon œil du Conseil d’administration du CEFAN que personnellement et modestement je tiens à remercier pour toute la sagesse et le professionnalisme dont il a fait montre au cours de l’exercice, ainsi que tous les membres de la coalition et les Coordinations régionales pour leur engagement dans l’ensemble des activités qui ont été déployées.
Vous savez, le CEFAN au cours de l’année passée n’a pas seulement mis en œuvre le projet EOL. D’autres projets ont été mis en œuvre à l’instar du Projet d’appui à l’amélioration des compétences numériques des acteurs de l’éducation de base dans les zones rurales au Cameroun (PACER) ; le Projet d’appui à la protection du droit à l’éducation des minorités autochtones Baka, Bakola et Bagyeli dans la région du Sud Cameroun (PEPMA-SUD). Nous avons également continué de bénéficier des appuis en renforcement institutionnel de notre partenaire canadien, la fondation Paul Gérin-Lajoie à travers le Programme de coopération volontaire Compétences, Leadership et Education (PCV-CLÉ).
Quel est votre niveau de satisfaction quant à l’atteinte des objectifs que vous vous étiez fixés ?
Ma satisfaction est grande, comme je l’ai déjà mentionné. Je suis satisfait de la manière dont les différents segments de la coalition ont opéré (Conseil d’administration, Secrétariat exécutif, Coordinations, Membres) durant l’année 2024. L’on voit un CEFAN qui grandit de plus en plus et c’est de bon augure. C’est l’occasion justement de remercier tous les partenaires qui ont œuvré à la bonne réalisation de nos activités. Je citerai, au plan local l’ensemble du GLPE, les parlementaires des Commissions de l’Education, de la Formation professionnelle et de la Jeunesse de l’Assemblée nationale et du Sénat ; les mairies d’arrondissement et les OSC sœurs qui ont voulu cheminer avec nous au cours de l’année passée. Nos remercions vont également à l’endroit d’Oxfam Danemark ; la Fondation Paul Gérin-Lajoie, le projet DIGITAL de la Giz, ANCEFA et CCONG Education 2030.
S’il y avait à refaire, sur quels leviers appuieriez-vous ?
Les coalitions de l’éducation de partout dans le monde ont pour souci majeur de pérenniser leurs plaidoyers. C’est également le souci de notre coalition ici au Cameroun, celui de mobiliser davantage de ressources pour pérenniser nos plaidoyers. Alors, je pense qu’il faut que nous redoublions d’effort dans ce sens-là. D’un autre côté, les partenaires, surtout ceux qui interviennent dans les cadres de dialogue politique, doivent également s’atteler à comprendre davantage les missions et la pertinence des coalitions afin de leur apporter les soutiens nécessaires pour que ces derniers réalisent leurs objectifs.
Pour finir, quelles sont les perspectives du CEFAN pour l’année 2025.
J’avoue que la question arrive dans un retard relatif au regard de cette période de l’année. Mais, comme vous l’avez dit, nous avons dévoilé, il y a quelques mois, la feuille de route des activités du projet EOL et elles sont en train d’être mises en œuvre. Tout récemment, nous avons organisé une campagne nationale de rappel des engagements du gouvernement pour l’ODD4 Education en général, le financement de l’éducation en situation d’urgence en particulier. C’était au cours de la Semaine Mondiale d’Action pour l’Education. Outre les activités habituelles de renforcement des capacités de nos organisations, nous sommes en ce moment en train, d’une part de produit un rapport alternatif sur la mise en œuvre de l’ODD4 au Cameroun, et d’autre part de réaliser une évaluation de la mise en œuvre de 16-25 au Cameroun. Et d’ici quelques mois, nous organiserons notre activité phare, le Forum SOLIDARITE EDUCATION (SOLID’EDUC), dont le thème portera sur le suivi de la politique nationale inclusive.
Sur un tout autre plan, en dehors du projet EOL, nous nous proposons de lancer la phase 2 du PEPMA que nous mènerons cette fois-ci dans la région de l’Est. Evidemment, nous continuons et continuerons de rester dans les cadres de dialogue politique sur l’éducation auxquels d’ailleurs nous sommes très attachés. Enfin, nous lancerons les manifestations marquant les 20 ans de notre coalition, mais ça je pense que nous y reviendrons…