Les représentants des six coalitions partenaires du Programme de coopération volontaire Compétences, Leadership, Éducation (PCV-CLÉ) en Afrique ont échangé sur le suivi budgétaire et le financement de l'éducation, spécifiquement dans ces deux pays.
La deuxième édition de la Communauté de pratique des coalitions nationales, pour le compte de l’année 2025, a réuni les représentants des six coalitions partenaires du Programme CLÉ. Les 12 participants ont débattu du suivi budgétaire et du financement de l'éducation sur le continent africain. La session de travail a permis d’avoir un aperçu détaillé de la situation de financement de l’éducation en Afrique. En 2023, l’UNESCO a identifié un déficit considérable s'élevant à 70 millions de dollars, soit environ 38,85 milliards de FCFA. Un chiffre qui illustre l'ampleur des besoins non satisfaits. Il montre surtout un écart persistant entre les engagements pris par les Etats lors des sommets internationaux de 2018 et 2021 et la mise en œuvre effective des promesses. D’où la nécessité d'inscrire l'éducation comme véritable priorité dans les budgets nationaux, condition préalable à tout progrès significatif.
Sénégal : respect des engagements, mais…
C’est le cas par exemple du Sénégal, où le gouvernement alloue entre 24% et 25% de son budget national à l’éducation. Un pourcentage élevé par rapport à d’autres pays d’Afrique. Sauf que cet effort budgétaire n’est pas suivi par un financement conséquent de plusieurs sous-secteurs prioritaires. Clairement, le contexte sénégalais fait face à plusieurs défis majeurs. On peut citer, entre autres, la répartition déséquilibrée des fonds entre les différents niveaux d'éducation. Ce qui crée des inégalités structurelles et le manque de volonté politique pour une allocation véritablement équitable des ressources. Ces deux facteurs contribuent à perpétuer des inégalités significatives dans l'accès aux ressources éducatives à travers le pays.
Dans ce contexte, la Coalition des Organisations en Synergie pour la Défense de l'Education Publique (COSYDEP) joue un rôle important. Elle œuvre activement pour la promotion d'un financement équitable de l'éducation à travers diverses initiatives. Ses actions comprennent le renforcement des capacités des acteurs locaux en matière de suivi budgétaire, et des activités de plaidoyer ciblées auprès des décideurs politiques pour influencer les allocations budgétaires.
Cameroun : peut mieux faire…
Au Cameroun, la situation est différente. En termes d'allocation budgétaire, l’Etat consacre approximativement 15% de son budget national à l'éducation. Un pourcentage inférieur à celui du Sénégal et des engagements pris lors des sommets internationaux sur l'éducation. Raison pour laquelle la Cameroon Education For All Network (CEFAN) a développé diverses actions de plaidoyer pour améliorer la situation. Les efforts sont concentrés sur la mobilisation d'alliés stratégiques et le développement de stratégies d'influence auprès des décideurs politiques. Ces initiatives produisent des résultats mitigés, avec une légère augmentation du budget alloué à l'éducation observée en 2023, mais encore insuffisante face aux besoins réels.
Les contraintes spécifiques rencontrées au Cameroun incluent des difficultés substantielles à mobiliser efficacement les parlementaires sur les questions éducatives. La coalition fait également face à des obstacles persistants pour s'intégrer pleinement dans les espaces de dialogue politique où se prennent les décisions budgétaires. L’on note que des résistances institutionnelles au changement compliquent davantage ces efforts de plaidoyer pour un financement adéquat de l'éducation.
Défis et recommandations
Plusieurs défis sont à relever, s’agissant du plaidoyer pour un meilleur financement de l’éducation. Outre la mobilisation effective des parlementaires, acteurs clés dans l’approbation des budgets nationaux, il y a l’intégration des coalitions dans les espaces de dialogue politique qui demeure problématique. Cela limite leur capacité d'influence. Le suivi rigoureux de l'exécution budgétaire représente également un défi technique et politique considérable. Enfin, la traduction concrète des engagements gouvernementaux en allocations budgétaires réelles reste un processus complexe nécessitant une vigilance constante.
Plusieurs pistes d'action sont proposées. Il s’agit notamment : du renforcement des actions de plaidoyer ciblés auprès des décideurs ; de la diversification des sources de mobilisation des ressources qui apparaît comme une nécessité pour réduire la dépendance aux financements traditionnels ; de l'amélioration des mécanismes de suivi budgétaire, laquelle requiert un investissement dans le développement des compétences techniques au sein des coalitions ; et enfin, du développement d'alliances stratégiques avec d'autres acteurs de la société civile, ce qui permettrait de renforcer le poids politique des revendications en faveur d'un meilleur financement de l'éducation.