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Les syndicalistes et les députés camerounais

Financement de l’éducation : les syndicalistes pressent les parlementaires


Les syndicats camerounais affiliés à l’Internationale de l’Education ont rencontré les députés pour leur présenter l’impérieuse nécessité d’augmenter le budget de l’éducation au Cameroun, au regard de la situation catastrophique de l’école publique.


La rencontre s’est déroulée en juin 2025 à l’hôtel des députés de Yaoundé. A travers trois communications portant sur la privatisation et la marchandisation de l’éducation, ainsi que sur les recommandations du sommet sur la transformation de l’éducation et la problématique du livre scolaire au Cameroun, les syndicalistes ont présenté aux élus la situation catastrophique de l’école publique au Cameroun.


Les députés ont engagé le débat qui a manifesté leur intérêt pour les sujets portés par la campagne. A la fin des travaux, ils ont promis de veiller sur le pourcentage du budget affecté à l’éducation. S’agissant du livre scolaire, dont les changements n’obéiraient pas au cadre règlementaire, ils ont promis organiser une rencontre tripartite entre les syndicats, la commission nationale du livre scolaire et la commission éducation de l’Assemblée nationale pour adresser la situation.

C’est depuis 2024 que les syndicats camerounais affiliés à l’Internationale de l’Education (IE) mènent une campagne pour le financement accru de l’éducation au Cameroun.


Dans le cadre de la décennie des ODD, le Cameroun, comme tous les pays de la communauté internationale, a pris des engagements, notamment en ce qui concerne l’ODD 4 qui est dédié à l’éducation. Les pays ont en effet décidé de financer le secteur éducatif à hauteur de 20 à 22% de leur budget, ou à 6% de leur PIB. En 2018, au sommet de Dakar sur le financement de l’éducation, le gouvernement camerounais s’est cette fois engagé à affecter environ 18% du budget au secteur de l’éducation.


Budget insuffisant, malgré les promesses 


Les deux dernières années, le budget du secteur de l’éducation n’a guère dépassé les 15% de l’ensemble. Bien plus, il chute d’année en année depuis 2018. Ce sous-financement impacte sur la qualité de l’éducation. Les grèves à répétition des enseignants depuis l’année 2022 illustrent à suffisance le malaise qu’il y a dans le système éducatif.


Si l’on ajoute à ces mouvements d’humeur la pénurie des enseignants, l’accroissement quasi « métastasique » du secteur privé, la baisse de la qualité de l’éducation perceptible à travers la faiblesse des compétences en lecture et en calcul ; 30,20% d’élèves savent lire en fin de scolarité dans le primaire, tandis que seulement 11,10% peuvent effectuer toutes les opérations attendues d’eux dans les exercices de mathématiques, selon le rapport PASEC 2019, on peut conclure que l’école publique est dans une situation inquiétante qui ne pouvait laisser les syndicats de l’éducation indifférents.


Et pendant que l’école publique agonise, l’école privée affiche fière allure, dopant d’année en année ses effectifs et confisquant le hit-parade des résultats aux examens officiels. C’est donc ce contexte qui a motivé les syndicats de l’éducation à solliciter l’appui de l’IE pour mener un plaidoyer pour le financement adéquat de l’école publique.


Après avoir rencontré les autres acteurs de la communauté éducative que sont les parents, les organisations de la société civile, c’était au tour des représentants du peuple de recevoir la visite des syndicats, eux qui votent justement le budget, le nerf de la guerre qui fait tant défaut à l’éducation.